Sexiste peut-être, mais pas hypocrite

Un sujet un peu sensible aujourd'hui, mais qui me tient quand même à coeur, même si je le prend (comme absolument tout le reste) un peu à la rigolade.

Derrière ce titre quelque peu racoleur se cache une vraie réflexion. Ces derniers temps j'ai lu pas mal de choses de-ci de-là sur le sexisme et les problèmes qu'il pose. Que les choses soient bien claires, je ne me considère pas comme quelqu'un de sexiste. Faut dire que le terme est un peu utilisé à toutes les sauces, au bout d'un moment on n'y comprend plus rien.

Pourtant il m'arrive de douter. Parce que derrière cette carapace d'aigreur se cache un petit être sensible.

Car voyez-vous, j'aime bien regarder des images de filles peu farouches et légèrement vêtues. Or il paraît que c'est pas bien. Que ça donne une mauvaise image de la femme, toussa et que donc je serais pour certain(e)s un gros con dégueulasse à peine mieux qu'un pédophile.

Or je ne suis pas d'accord.

Or je vais m'expliquer.

Commençons par un exemple. Deux en fait.

Pouvez-vous me dire quel est le point commun entre ces deux images?

Attention, réfléchissez bien, c'est pas facile.

Alors, vous trouvez? Eh bien oui vous avez deviné : aucune de ces deux jeunes filles n'est réelle!

La cuiller n'existe pas

Dire que des images de ce type donnent une mauvaise image de la femme est à mon avis un faux problème. C'est un peu une insulte à mon intelligence (certes limitée, je vous le concède de bonne grâce).

Pour celle de droite, c'est facile : il s'agit d'un dessin. En gros pour ceux qui ne savent pas ce que c'est, ça se résume à une série de traits et de taches colorées. Après c'est le cerveau qui fait le boulot et qui interprète le résultat comme une professeur sexy et totalement irréaliste. Le dessin permet de s'affranchir d'un certain nombre de contingences, j'y reviendrai plus tard.

Pour celle de gauche c'est peut-être moins évident (même si ça l'est pour moi). Le personnage de cette image n'existe pas. Certes il y a un modèle qui est lui bien réel, mais ceci est une mise en scène. La pose, la tenue, le décor, tout est faux. Je le sais. Car je ne suis pas (complètement) con.

Dire que ces deux exemples donnent une mauvaise image de la femme, pour moi c'est comme dire que Mon Curé chez les nudistes donne une mauvaise image de la France. Ce n'est pas réel, et celui qui prend ça pour argent comptant est au-delà de toute rédemption.

Les goûts et les couleurs

Que l'on me qualifie de beauf parce que j'apprécie ce type d'images, je veux bien (à la limite). Ceci dit, au-delà de toute réflexion morale et sociétale, j'aime ça. De la même manière que j'aime le café, le vin, une soirée entre amis, un mauvais film, pourrir les gens et éclater des pastèques. Cela me procure du plaisir.

Donc ça me fait un peu mal qu'on vienne me le pourrir, mon plaisir. Parce que oui, du coup c'est un peu le cas (je réfléchis trop, que voulez-vous). Sauf que je ne peux pas me forcer à changer mes goûts (à moins d'un traitement lourd aux électrochocs, et encore).

Je n'y peux rien, quand je veux faire plaisir à mon Surmoi, je regarde un Kandinsky ou un Pollock. Quand je veux faire plaisir à mon Moi, je regarde un Giger ou un Bacon (Francis, pas Kevin). Quand je veux faire plaisir à mon Ça, je regarde des nanas à moitié à poil. Et j'estime que c'est mon droit, merde.

De la précision anatomique

Attardons-nous un peu sur le dessin. Comme je le disais, il s'agit d'un média qui permet de s'affranchir d'un certain nombre de choses, comme la vraisemblance, la physique, et même l'anatomie. Ce qui a donné naissance à des créations censées flatter la libido (masculine essentiellement) au détriment de tout réalisme (je pense notamment aux héroïnes de comics qui font tant parler d'elles : poitrines et fesses surdimensionnées, taille très fine, lèvres pulpeuses, poses improbables).

Mais bon, j'ai un peu envie de dire qu'on s'en fout. Est-ce que j'ai envie que la réalité ressemble à ce que je peux voir dans une bande dessinée? Grands Dieux Très Anciens, non, ce serait horrible. Est-ce que je rêve que toutes les femmes prennent des poses aguicheuses dans des tenues méprisant tout aspect fonctionnel pour ne se consacrer qu'au plaisir de mes yeux et de ma virilité? Certainement pas, d'une part ça me mettrait horriblement mal à l'aise et d'autre part ce qui rend bien sur une image est souvent ridicule dans la vraie vie.

Est-ce que les gens crient au scandale quant aux proportions de Raymonde Bidochon? Non, pourtant dans le genre irréaliste ça se pose là aussi. Donc dites-moi quelle est la différence? C'est que Raymonde Bidochon ne se pose pas en fantasme (et si c'est le cas permettez-moi de vous dire que vous êtes franchement bizarre)? Pour rappel le propre d'un fantasme c'est de ne pas se réaliser.

Je ne suis pas plus choqué par une super-héroïne à la plastique improbable que par un super-héros aux muscles si nombreux et si saillants qu'on dirait un boulier humain.

L'argument qui tue

Très souvent on voit des commentaires sous certaines images comme celles que je vous ai montrées plus haut, qui se veulent le reflet d'un besoin frénétique de politiquement correct au mépris de toute réflexion. Un en particulier me fait plutôt marrer à chaque fois que je le vois.

"Elle doit avoir des problèmes de dos."

Concernant un dessin, c'est franchement ridicule, vous en conviendrez. Elle n'a pas de problème de dos, elle n'a pas de dos, elle n'a pas de seins non plus d'ailleurs. Ce n'est pas une vraie personne. Ce ne sont que des lignes. Justement le dessin permet cela (je radote je sais, mais vous avouerez que c'est con comme argument, merde!)

Quand vous regardez le Penseur de Rodin ou n'importe quelle statue, est-ce que vous vous dites "Il doit avoir froid"? Non? Eh bien vous n'avez pas de coeur, voilà.

Quand il s'agit d'une photographie, on pourrait croire que c'est plus légitime. Et pourtant non. Comme je l'ai exposé plus haut, l'image n'est qu'une illusion. Le personnage qui apparaît sous nos yeux n'a pas de problème de dos, ni de problèmes existentiels, ni d'impôts à payer. Elle n'est qu'artifice livré à nos yeux sans autre but que de les satisfaire.

Attention, hein, la personne qui sert de modèle, elle, à sans doute potentiellement des problèmes de dos. Peut-être même qu'elle a des cals aux pieds. Il est probable qu'elle pue de la gueule au réveil et qu'au moment où cette photo a été prise elle était en train de penser à ses gamins, à son chien ou à la soirée bière-KFC-télé qu'elle avait programmée avec ses copines. Ou au fait qu'elle n'avait plus de papier-toilette et qu'avec la gastro qu'elle se payait il allait falloir refaire le stock.

Ceci dit, est-ce que si j'arrêtais de regarder cette photo, cette jeune femme cesserait subitement d'avoir ses problèmes de dos? Suis-je la cause de toute cette souffrance, moi le gros enfoiré qui ne pense qu'à lui? Sincèrement je compatis (et si ça se trouve son dos va très bien d'ailleurs) mais je ne connais pas cette personne, et je n'y peux pas grand-chose. En gros, il dit qu'il voit pas le rapport.

Conclusion

Est-ce que le simple fait d'apprécier une certaine forme d'iconographie fait que je considère les femmes inférieures aux hommes, limitées au simple objet de fantasme et servant uniquement à satisfaire ma libido de mâle abject et méprisable? En toute honnêteté, non.

Est-ce que je trouve que ces mises en scènes sont dégradantes, déplacées ou inappropriées? J'ai beau me forcer, et malgré de nombreux avis contraires, c'est toujours non.

Est-ce que le simple fait de me poser ces questions et de prendre ne serait-ce que quelques minutes pour y réfléchir (et en faire un article tout inutile qu'il soit) est une bonne chose? J'imagine qu'un peu quand même, oui.

Bref pour moi s'il y a bien une chose qui n'est pas représenté sur les images dont on parle, c'est la femme. Parce que les femmes, c'est comme les hommes, et comme tous les trucs vivants et organiques : ça sue, ça pue, c'est plein de bestioles dégueulasses, il en tombe des bouts de partout et il vaut mieux pas trop y penser parce que franchement ça fait pas envie.

Et même que des fois, c'est con, aussi.

En somme, les femmes sont des gens comme tout le monde. Et moi, j'aime pas les gens.

Sur ce, je retourne à mes images.