Bon ben c'est d'la merde.
Les plus perspicaces d'entre vous ont sans doute remarqué que je n'ai pas posté depuis un certain temps. Voire même un temps tellement certain qu'il y mettrait sans hésitation aucune sa main à couper le beure dans le feu divin de la choucroute à la lavande. Autrement dit un temps foutrement long.
Et bien il y a une raison à ça. Même si je ne ressens pas spécialement le besoin de me justifier, hein. Non parce que je fais ce que je veux, merde. Faites un blog vous-mêmes si vous êtes si malins, nonmého.
Mais bon, là j'étais en thérapie. Car j'ai souillé mon âme. Heureusement qu'elle était déjà bien pourrie d'avant, ça se voit pas trop comme ça. Je me sens toujours un peu sale, mais là ça va mieux.
J'ai regardé Twilight.
Les 5.
Donc là me prends brutalement et irrépressiblement l'envie de demander pardon au monde, pour une raison que j'ignore. Heureusement je me retiens.
Trêve de plaisanterie, en toute objectivité et à mon grand dam je dois bien avouer que c'était pas si mal.
...
Mais non voyons, je déconne, c'était vraiment de la merde (d'ailleurs le titre de cet article aurait dû vous mettre la puce à l'oreille), ha ha, quel sacré boute-en-train je fais, parfois je me fais rire tout seul (en particulier quand c'est à vos dépens).
Bref j'ai trouvé ça à chier, mais je ne suis pas tellement surpris; on ne peut pas vraiement dire que je fasse partie de la cible de ce type de bousin, et le seul fait que j'aie visionné ces films (de manière légale, je précise - oui, j'ai payé pour ça) aurait fait de tout autre que moi un damné connard de con, mais comme c'est moi ça va.
Tout ça pour dire que bien que ce soit tentant je ne vais pas me contenter de ce constat bête et méchant ("Twilight c'est d'la merde" pour ceux qui suivent pas) et je vais développer un peu, pour vous faire profiter de ces presque deux mois de méditation à écouter du death métal et à regarder les films de Uwe Boll en boucle (autant dire que j'ai grave la haine, là).
Si vous avez vécu dans une grotte voici de quoi ça parle-t-il donc.
- Une meuf tombe amoureuse d'un vampire (épisode 1)
- Le vampire se barre et la meuf se console dans les bras de son pote loup-garou (épisode 2)
- Le vampire revient et il demande la meuf en mariage (bye-bye le pote loup-garou) (épisode 3)
- Le vampire met la meuf enceinte et la transforme en vampire (épisode 4)
- La meuf accouche (épisode 5)
Voilà, je me suis limité aux scènes intéressantes scénaristiquement parlant. Le reste c'est de la broderie pour faire genre mais qui n'a, quand on y réfléchit plus de 2 secondes (ce qui excède donc les capacités du public visé), absolument aucun sens.
Alors d'un côté on a une meuf banale au possible, triste à pleurer, sans aucune personnalité, qui se voit contrainte d'emménager dans un bled de bouseux sans doute consanguins. Là elle devient mystérieusement populaire, tape dans l'oeil du (riche et donc) beau gosse du coin, tout le monde se l'arrache, bref, c'est l'incarnation ultime d'un fantasme d'adolescente frustrée. Soit, c'est classique. Deux points énervent tout particulièrement toutefois :
- Le personnage fait montre tout au long de la saga d'un tel manque de bon sens, voire d'une telle stupidité envers et contre tout qu'on a qu'une envie : qu'elle crève. C'en est tellement viscéral d'ailleurs que finalement avec le recul, on se dit que c'est bien joué. Reste une question : pourquoi ne pas l'avoir butée?
- L'actrice est si peu expressive qu'on se prend à se demander si elle n'est pas la fille de Steven Seagal et d'Armanoïde (la copine cyborg de Cobra, celle qui n'a pas de visage). Dire qu'elle joue mal ne serait pas lui faire honneur. En fait c'est plus simple: elle ne joue pas.
D'un autre côté on a les deux prétendants, respectant la traditionnelle dichotomie vampire/loup-garou. Ce dernier s'en sort sans doute un peu mieux, mais c'est pas folichon tout de même, ces deux personnages ayant globalement la consistance d'un pet par jour de grand vent. Oui, ils en ont aussi la saveur.
Les "méchants" (je mets des guillements car tout est relatif, comment en vouloir à des personnages qui souhaitent buter cette tarte de Bella Swan - franchement on dirait un nom de stylo-feutre?), sont aussi charismatiques qu'une plaquette de Végétaline fondue, et encore, avec elle on peut au moins faire des frites.
Le reste c'est cliché et compagnie, ne perdons donc pas de temps avec ce menu fretin.
Quelle histoire? Franchement y'a des moments où on se dit : "Tiens là ils devaient avoir prévu un truc mais ils ont changé au dernier moment, mais comme ils avaient déjà tourné des bouts ils les ont laissés.". Mention spéciale au cinquième film durant lequel on s'aperçoit tout à la fin que ce qui a été amené pendant deux heures servait... à rien. Mais vraiment. On peut d'ailleurs étendre le constat à l'ensemble de l'histoire.
Entre twists pathétiques et pseudo-révélations ridicules on hésite en permanence entre le facepalm atterré et l'ennui profond, ce dernier remportant hélas souvent la lutte.
Reste en bouche un exécrable goût de gâchis, ce qui tombe bien car cela m'amène au :
Cette vanne 100% cheval vous est offerte par Findus.
Non sérieusement.
Une histoire d'amour entre une gourdasse humaine et un vampire, pourquoi pas. Dracula c'est quand même une tuerie comme histoire. Mais là, non.
Déjà, le côté vampire.
Alors en fait c'est des vampires mais qui craindraient pas le soleil (qui les fait scintiller, le meilleur gag de la série, j'en ris encore), qui auraient besoin de boire du sang mais pas trop parce que ça tache et qui en fait seraient gentils. Ah oui, et du coup ils vont à l'école, parce qu'après 400 ans la trigonométrie ça a encore du mal à rentrer. Ok, donc en fait c'est juste pas des vampires, quoi. Ils ont que le côté cool mais pas les côtés chiants, ou alors détournés de telle sorte qu'en fait c'est cool. Finalement on se demande pourquoi ils ont l'air si torturés (peut-être une mise en abîme du sentiment de détresse des personnages à jouer dans une aussi mauvaise histoire? Piste intéressante). Oui malgré tout ça pour les vampires, chaque mouvement est une torture.
Ensuite le côté loup-garou.
Leur avantage est net : ils sont faits en images de synthèse (et plutôt bien en plus). Sinon c'est des gros toutous. Pas de perte de contrôle, pas de lutte entre l'homme et la bête, pas d'angoisse de la pleine lune, juste des mecs torse nus qui peuvent se transformer en loup quand ils veulent. Ok, donc en fait c'est juste pas des loup-garous, quoi. Ils ont que le côté cool mais pas les côtés chiants, ou alors détournés de telle sorte qu'en fait c'est cool. Eux aussi sont torturés sans qu'on sache trop pourquoi, ils craignent de blesser leurs proches alors que c'est arrivé une fois à un mec de leur tribu, les accidents ça arrive quoi, faut en revenir maintenant.
On pourra me dire "Ouiii mais c'est pour les adolescentes, toussa, c'est romantique, toi t'es qu'un bourrin insensible, t'y comprends rien". Ok pour la deuxième partie de la phrase, mais pour le romantisme vous repasserez quand même.
Ah c'est sûr qu'au premier abord, on a bien tout.
L'Amour y est unique et éternel (chaque vampire et loup-garou a une et unique âme soeur à laquelle il est lié pour l'éternité), et comme par hasard tout le monde habite dans ce même putain de village de pégus. Franchement Meetic a qu'à organiser des speed dating dans ce bled et le célibat ne sera bientôt plus qu'une légende urbaine.
Les décors sont trodark (patelin de bûcherons où il pleut tout le temps oblige).
On a plein de plans d'échanges de regards lourds de sens (ou pas), des déclarations verbeuses de vingt minutes pour dire pas grand-chose.
On a également plein de scènes dites "de pose", qui n'ont pour unique but que de montrer un ou une héroïne dans une posture classe. Amusant au début mais vite lassant car fait sans subtilité ni génie, et ce jusqu'à l'écoeurement.
En fait le gros problème c'est surtout les nombreux petits détails qui viennent en plus de ces composantes somme toute classiques et quasiment indispensables à tout film dit "romantique".
- Le vampire passe toutes ses nuits à observer l'humaine dans son sommeil. Quand elle s'en rend compte elle trouve ça cool et sexy. Dans la vraie vie c'est juste flippant et malsain.
- L'humaine (qui a 17 ans) tombe amoureuse du beau gosse du lycée (et pas du geek boutonneux bien sûr) et décrète que c'est l'homme de sa vie. Tout le monde est d'accord, passons donc l'éternité ensemble, mais oui quelle bonne idée c'est vrai qu'à 17 ans on a tellement d'expérience et on est tellement stable émotionnelement que ça ne peut que bien se terminer (en plus d'être tout à fait logique). Dans la vraie vie l'humaine se retrouvera à 20 ans mère célibataire de 3 enfants avec pour seuls revenus l'argent des ménages. Le père se sera évidemment rendu compte d'à quel point elle est cruche et se sera tiré (dans le meilleur des cas).
- Pendant le coït (je suis assez fier d'avoir réussi à caser ce mot dans un article), le vampire tabasse (involontairement) l'humaine. quand il s'en aperçoit le lendemain il est désolé mais l'humaine le rassure : tu peux me cogner quand tu veux, j'aime ça. Dans la vraie vie ça même involontairement ça s'appelle de la violence conjugale, mais le message aux jeunes spectatrices semble être "Faites-vous cogner, c'est normal c'est l'amour". Classe.
- Le pote loup-garou éconduit tombe amoureux de la fille de l'humaine (un bébé, donc), la marque comme sa propriété promise. Après deux minutes d'explication musclée avec les parents pas jouasses, finalement tout le monde s'accorde à dire que c'est bien. Dans la vraie vie je pense qu'on est au-delà de la pédophilie, mais je me trompe peut-être. Je dois être vieux-jeu.
- Comme argument ultime pour convaincre le vampire de la transformer, l'humaine dit "Je me suis toujours sentie différente, décalée". Le vampire, fort de ses 400 ans d'expérience, trouve cela tout à fait satisfaisant. Dans la vraie vie ça s'appelle l'adolescence, et tout le monde aurait pu dire ça à un moment ou un autre de sa puberté. Dans le monde de Twilight, on serait tous des vampires, et on pourrait scintiller tous ensemble au soleil, en toute amitié.
Je pourrais en tartiner longtemps comme ça. Mais mon psy m'a conseillé de tourner la page et de retourner progressivement à une vie normale, ce que je vais m'empresser de faire.
...
Je vous ai dit que j'étais allé voir Abraham Lincoln, chasseur de vampires?
C'était cool.