Bye bye la louse, bonjour la biaise
Les débuts d’années en général tout le monde aime ça : ils ont un petit goût de nouveau départ, cette saveur douce-acidulée qui nous rappelle ces bonbons bizarres dont nous étions si friands étant enfants (alors que ça a vraiment un goût de fesse, soyons honnêtes). Nouvelle année égale nouveau cycle, remise à zéro des compteurs, on efface l’ardoise et on file vers la lumière.
Bien sûr c’est très con, puisque d’une part le point de départ de cette nouvelle année a été fixé arbitrairement il y a bien longtemps (d’ailleurs on n’a même pas tous le même, c’est dire si c’est du boulot de sagouin), d’autre part c’est pas parce que vous avez marché dans une crotte aujourd’hui que votre godasse sera automatiquement propre demain matin au réveil, comme ça pouf, magie.
Enfin bon, c’est humain après tout, hein, donc c’est normal que ce soit con. Mais ça c’est rien.
Le pire c’est que même dans ce moment censément joyeux et plein d’espoir, on trouve le moyen de se péter l’ambiance tout seul. Je veux bien sûr parler de cette tradition de merde : les bonnes résolutions.
Je ne sais pas si vous avez remarqué mais une bonne résolution n’a toujours de bonne que le nom. Par essence c’est toujours quelque chose (rayer les mentions inutiles, plusieurs réponses possibles) :
- de désagréable
- de pénible
- d’irréaliste
Vous voulez des exemples de bonnes résolutions typiques ? Tant pis parce que je vais vous en donner quand même.
Clair qu’une telle décision prise lors d’une soirée bien arrosée a toute les chances d’aboutir, la démarche est bonne. C’est positif, c’est bon pour votre santé et votre porte-monnaie, et même pour votre entourage si vous en avez quelque chose à secouer. Donc en gros c’est bien, bravo. Par contre désolé de vous dire que vous n’arrêterez pas de fumer cette année (pas plus de trois jours en tout cas), vous n’en avez aucune envie et de toute façon vous aimez bien trop ça. En fait d’ailleurs je ne suis pas désolé du tout.
Un grand classique aussi, qui ne trompe personne, pas même vous. Evidemment que vous n’allez pas vous mettre au sport sombre micro-organisme monocellulaire résurgent (cherchez pas ça veut rien dire). Aller deux fois au club de gym, à la piscine ou faire un jogging n’est pas faire du sport, c’est juste une occasion de vous acheter un matériel high-tech qui ne vous sera d’aucune utilité quand vous cracherez vos poumons au bout de dix minutes, la sueur coulant à flots sur votre visage rubicond, vos côtes écrasées par un point de côté qui vous fera vous demander à quelle vitesse pousse un ulcère et si vous arriverez à atteindre ce banc avant de vous évanouir, le sang battant si fort à vos oreilles que vous n’entendrez même plus la musique sortant de vos écouteurs.
N'oubliez jamais que l'Homme n'est pas fait pour le sport : la preuve, ça le fatigue.
Mais OUI ! Voilà qui va vous aider à affronter l’année qui vient sereinement, une petite salade c’est bon pour le moral ! Les fruits et légumes c’est pas cher et c’est facile à préparer, comme le poisson, c’est à se demander pourquoi vous avez attendu ce putain de réveillon pour prendre cette décision… Il va de soi qu’il ne vous faudra pas un mois pour reprendre votre régime habituel, il faut dire que le snack en bas de votre bureau ne fait dans le diététique et que vous taper un quart d’heure de marche pour pouvoir payer un sandwich à la mâche et aux trois raisins de corinthe douze euros ça fait mal au cul, on vous comprend.
Bref plutôt que de raconter des conneries vous feriez mieux de prendre de vraies bonnes résolutions, comme par exemple aller au cinéma voir un film en VO sous-titrée, lire un livre sans images, ne plus écouter de zouk, dire « merde » à votre patron, boire cinquante et un pastis en une journée, partir en vacances, payer pour du sexe… des trucs cool qui donnent envie quoi, la motivation c’est la base !
Mais bon de toute façon là c’est trop tard pour cette année vous êtes marron, mais au moins apprenez de vos erreurs : l’an prochain quand on vous demandera quelles sont vos bonnes résolutions répondez par la phrase qui s’impose :
« Ta gueule ! »
PS : Bonne année, même si vous le méritez pas.