Comment dire à vos enfants que le père Noël n'existe pas
Les fêtes de fin d'année s'étant enfin achevées, au grand soulagement de nos estomacs dilatés, il est maintenant temps de penser à préparer celles de 2011. Oui mais voilà, dans votre infinie cruauté sagesse vous avez décidé d'ouvrir les yeux de vos chérubins sur la vraie nature du plus vil et du plus éculé des stratagèmes publicitaires : le père Noël de sinistre mémoire.
Oui, mais voilà, comment faire? Car avouons-le il n'est pas toujours aisé de briser les rêves d'un enfant, introduisant dans son petit esprit encore en construction le germe du pragmatisme qui le forcera au quotidien à regarder le monde tel qu'il est et à se dire "Mais c'est vraiment de la merde!".
Heureusement pour vous, Aigri-man est là et comme lui n'en a rien à cirer de vos gniards il vous propose des solutions clés en main pour solutionner le problème!
Méthode n°1 : le déni.
A partir du mois de novembre évitez toute allusion à Noël, même lointaine. Lorsque votre enfant vous posera des questions, demandez-lui de quoi il parle. S'il mentionne le père Noël, riez et caressez-lui la tête d'un air attendri en lui disant : "Le père qui? Jamais entendu parler." Ne décorez pas votre maison, et le soir du réveillon faites-lui manger son assiette de coquillettes, puis envoyez-le au lit comme d'habitude.
Le lendemain levez-vous normalement, prenez votre petit-déjeuner comme tous les jours. A priori, bénéficiant de l'influence néfaste de ses camarades de classes (tous des graines de délinquants), le futur-ex-naïf qui vous sert de rejeton devrait s'attendre à trouver des cadeaux quelque part. Bien sûr il n'y en aura pas. Quand il vous fera part de son désarroi, regardez-le d'un air amusé et dites-lui "Mais non, ça n'existe pas Noël, qui t'a raconté ça? Tes copains? Ah oui mais ça c'est parce qu'ils sont [insérez ici une religion/origine/caractéristique autre que la vôtre]! Tiens, mange tes Chocapic et après je te montre comment on joue en Bourse, tu vas voir, c'est fun!".
Une fois hors de vue vous pourrez vous gausser du bon tour que vous lui aurez joué.
Méthode n°2 : le transfert.
Ecrivez avec votre enfant sa lettre au père Noël, en prenant bien soin d'y inclure des jouets à portée de votre bourse (c'est important pour la suite).
Au moment de placer les cadeaux sous le sapin vous aurez pris soin de n'acheter à votre enfant qu'un objet pourri pour lequel il n'aura que de l'aversion, comme un cahier de vacances par exemple, et l'un des produits sélectionné dans sa lettre (ne placez PAS ce dernier sous le sapin, attention!).
Quand il découvrira son cadeau bien naze et devant sa mine déconfite, haussez les épaules d'un air impuissant et dites : "Ah tu sais le père Noël, il est un peu con, il ne comprend plus très bien depuis qu'il s'est mis à boire. Il paraît qu'en fait il déteste les enfants... Mais bon comme je savais qu'il n'allait pas assurer je t'ai acheté ton jouet moi-même, ça ne vient pas du vrai père Noël mais j'espère que ça te fera plaisir quand même... (air contrit)"
Dans son petit coeur si malléable VOUS aurez désormais la place du père Noël, vous serez son héros. Ce qui veut dire, en plus de sortir ces croyances stupides de son esprit juvénile, que vous pourrez lui faire tondre la pelouse deux fois plus souvent. Et ça c'est bien pratique.
Note : veillez à ne pas intervertir les deux paquets, car vous auriez l'air bien con. Dans ce cas vous pourrez vous rabattre sur une autre méthode, à votre discrétion.
Méthode n°3 : la violence.
Le soir de Noël cognez-le plus fort que d'habitude, et cognez sa mère aussi (si elle a survécu à sa dernière rouste). Inutile de le ménager ce petit branleur, vu que vous êtes un gros con il y a peu de chance qu'il attende quoi que ce soit de vous. Puis faites comme tous les soirs, beurrez-vous la gueule et criez sur les voisins. Comme d'habitude en fait. Mais histoire de marquer le coup (c'est quand même Noël), suicidez-vous. S'il vous plaît.
Méthode n°4 : la vérité.
Le soir du réveillon, conduisez-vous en adulte responsable et expliquez calmement à votre enfant que Noël est une tradition issue de la religion chrétienne mais qu'elle ne se fonde sur aucun fait scientifique, et que ce n'est plus qu'un prétexte commercial à une consommation frénétique. Dites-lui que les cadeaux qu'il recevra ont été achetés par vous car le père Noël n'existe pas, pas plus que la petite souris, le lapin de Pâques et toutes ces créatures fantastiques. Ajoutez qu'il n'existe aucun monde parallèle ou caché où il pourra vivre de fantastiques aventures et que le seul moyen de se procurer ce qu'on veut dans la vie c'est de trouver un travail bien rémunéré, sur le lieu duquel on passera le plus clair de son temps, tout ça dans un seul et unique but : la consommation, ce qui permet de fournir un travail à encore plus de gens, car le monde se résume à cette belle notion : l'économie.
Puis éclatez en sanglots.
Voilà, j'espère bien vous avoir aidé à produire de bons petits psychopathes, puisque après tout il est de bon ton de ne pas oublier en ces périodes post-festives que le plus grand traumatisme dans la vie, c'est la vie (c'était la pensée du jour de Thomas l'émo qui souffre, sponsorisé par les lames Gilette).
Et bonne année!