Kissonkoncéjan n°13
Aaah, Noël, la seule période de l'année où tout le monde est content que ça sente le sapin, où chacun y va de sa petite bonne action hypocrite pour racheter toutes les crasses immorales qu'il a commises dans l'année, où les enfants - qui ne croient plus au père Noël depuis longtemps - essaient de refouler leur nature sournoise et fielleuse en faisant croire qu'ils ont été bien sage, tout ceci afin de recevoir le dernier iPhone et ainsi cesser d'être la risée de leurs camarades plus fortunés car issus d'une bourgeoisie qui a bien compris que pour avoir la paix avec ces crétins de gosses il suffit de leur acheter ce qu'ils veulent et je ne sais plus du tout ce que je voulais dire cette phrase est vraiment beaucoup trop longue.
Ah oui, et la fin du monde aussi.
... BAH IL EST BIEN TEMPS, TIENS!
Bon sinon à part ça, un petit Kissonkoncéjan, voilà, c'est déjà pas mal.
Sur le quai d'un métro ou d'un train (ben tiens...).
Tout le monde sur le quai attend que le métro/train arrive (pour la suite je ne parlerai que de métro, j'ai la flemme d'écrire train à chaque fois, y'à trop de lettres).
Alors je sais pas vous, mais moi quand un métro arrive à quai, déjà je l'entends. Je le vois aussi. Et bon, il n'apparaît pas comme ça, instantanément, pouf, le temps qu'il entre entièrement dans la station, qu'il freine, que les portes s'ouvrent, tout ça nous prend pas vraiment en traître, on a quand même le temps de se préparer, n'est-ce pas?
Alors pourquoi bordel y'a-t-il toujours au moins deux ou trois glands qui se penchent en se tordant le cou pour voir si le métro arrive? Quel bien cela fait-il? Quelle information est-ce que ça donne? Le métro arrive pas? Ben non mon con, s'il arrivait tu l'aurais entendu. Enfin techniquement non, vu qu'il t'aurait décapité. Ce qui aurait été pas mal finalement, vu ta tronche, on dirait un bulot. Pas frais. De profil.
Un tel comportement ne peut signifier que deux choses : soit la personne cherche à se suicider mais hésite devant l'irréversibilité de la chose, soit elle est vraiment très con, et dans ce cas elle cherche à ce qu'on la suicide nous-même. Quoi qu'il en soit voici une petite série de conseils pour réagir à ce genre de situation qui, convenons-en, est des plus embarassantes.
1. Le sauvetage
Pas le temps de faire dans le détail, il faut agir vite : saisissez le candidat au suicide par le col et la ceinture, et par un élégant mouvement de rotation projetez-le en arrière. Dans le mur derrière vous. Avec un peu d'adresse vous pourrez même vous débrouiller pour que son visage arrive pile dans la rigole qui longe le quai, celle où le clodo que vous croisez ici tous les matins vient d'uriner. Cela peut même devenir un jeu (on pourrait imaginer une échelle de points fonction de la distance entre le nez du fraîchement sauvé et le caniveau), où l'on joint le côté ludique - et donc agréable - à l'utile.
2. La rédemption
Enlacez la pauvre âme désespérée de vos bras solides, écartez-là doucement du bord du quai, faites-la pivoter pour que vous vous fassiez face, et faites-lui un gros câlin. Émue par tant de chaleur aimante, celle-ci ne manquera pas de reprendre foi en la nature humaine et oubliera bien vite ses vélléités morbides. Profitez de votre acolade pour lui piquer son portefeuille, c'est bien peu cher payé pour reprendre goût à la vie, vous en conviendrez.
3. L'accompagnement
Pareil que le deuxième cas, mais vous luis flanquez un grand coup de saton dans le derrière, à un moment faut arrêter de tergiverser et faire le grand saut, merde; comme on dit : y'a que le premier pas qui coûte. Vous pourrez alors admirer dans le regard de votre jeune protégé une brève lueur de reconnaissance, juste avant que la rame ne répande le contenu de son crâne tout au long de la voie, se servant de son corps désarticulé comme d'une serpillère (et il faut reconnaître que le ballast en avait bien besoin).
Ah il est toujours émouvant de voir enfin l'être aimé voler de ses propres ailes, même brièvement!