Vacances en Irlande : 10 jours d'aigreur

Publié le par Aigri-man

(Cet article a été initialement frit le 11 septembre 2010)

Je suis parti en vacances en Irlande (oui je sais, c'est fou). Dix jours en plus. Dix jours loin de ces bons cons usuels que j'appelle plus communément « les gens ». Pour me détendre, pensais-je alors naïvement. Ah qu'est-ce que je peux être con aussi quand je m'y mets... Enfin bon, le bilan n'est pas complètement négatif comme vous allez vous en rendre compte à la lecture de ce passionnant article, bourré d'action, d'aventure, de suspense et d'aigreur. Mesdames et Messieurs, en route pour une fresque épique dont vous ressortirez tous grandis :

LES VACANCES EN IRLANDE - 10 jours d'aigreur

(J'ai rajouté un sous-titre car je trouve que ça fait plus cinématographique, vous savez, genre « Strarship Troopers - un seul objectif : survivre » ou « Planête Rouge – un seul objectif : survivre » ou encore « Alien le 8e passager – il est là ».)

Jour 1 : Belfast

Arrivée à Belfast à 18h30. En descendant de l'avion, plusieurs constats s'imposent :

 - Il fait nuit
 - Il fait froid
 - Il pleut
 - L'aéroport est très moche (oui, même de nuit)

D'aucuns auraient pu se sentir un peu dépités par un tel état de fait. Mais Aigri-man, grand optimiste devant l'éternel, ne s'arrête pas à des détails aussi insignifiants, même s'il a l'air bien con avec son bermuda et ses guiboles toutes blanches qui en sortent, les poils hérissés et la chair de poule (heureusement pour les poils ils sont rabattus par la pluie). Je ne vous fais pas le topo pour les bras tout blancs qui sortent de son débardeur, vous avez compris le tableau je pense.

Bref après un contrôle d'identité avec sourire en option et une heure d'attente pour récupérer mon sac je me dirige d'un pas assuré vers le comptoir de location de voiture, où j'avais déjà réservé mon véhicule (la magie d'internet, mais comment faisait-on avant?).

Soignant mon accent anglais j'engage les procédures d'usage. Et là : choc culturel. En fait ils ne parlent pas anglais, mais une espèce de patois bizarre qui fait que je ne comprends qu'un mot sur deux, ce qui permet à mon interlocutrice (grosse et moche) de me refourguer une assurance supplémentaire et de me facturer le plein d'essence (en même temps ça fera ça de moins à s'occuper au retour). J'apprends au passage que je ne bénéficierai pas de l'assistance en cas de panne en République d'Irlande (en Irlande du Sud, quoi). Ben oui, hein, c'est un autre pays. Et merde.

Finalement après avoir réussi à comprendre tant bien que mal où récupérer ma voiture, je me dirige, d'un pas malgré tout toujours assuré, vers le parking. Elle est là, flambant neuve, celle qui va devenir ma monture fidèle pendant dix jours « de folaille » (comme le foie). Elle est belle, mais je m'en tape. Elle est un peu plus grosse que ce que j'avais espéré (j'aurais préféré une Smart ou une Mini, mais bon je me retrouve avec une Corsa. Ça tombe bien c'est mon ancienne voiture que j'avais avant que j'aie plus de voiture!). J'ouvre la porte et m'installe coté conducteur (la base me dire-vous). Surprise et abasourdissement total! J'ai dû oublier de préciser quelque chose à ma commande, car il manque de toute évidence quelques éléments non superfétatoires, comme par exemple le volant, les pédales et le tableau de bord! Me remettant à grand peine de ce nouveau choc, me reviennent en mémoire les cours de géographie de Mme Peltron au CM1 : « Eeeet oui mes loulous, en Angleterre ils roulent tous à gauche. Ben oui depuis Churchill ils savaient plus trop comment emmerder le monde, donc ils ont fait ça, et ils ont collé leur volant à droite, en plus de compter les distances avec des unités qui n'existent pas. Ha ha ha sacrés rosbifs! Vous verrez que si un jour on décide d'avoir une monnaie unique, ils sont bien capables de vouloir rester avec leurs livres pourries! Ah les cons! » (j'aimais bien Mme Peltron).

Donc sans transition je me translate d'un petit saut leste et calculé sur le siège adéquat, je démarre et me mets à rouler. Bon ça va pas être facile, mais c'est comme tout, on s'habitue. Au bout de quelques frayeurs et d'un ou deux chauffard-d'en-face-qui-sait-pas-conduire mis à leur juste place (c'est-à-dire dans le fossé), je me fais plutôt bien à la conduite de ce pays, je commence même à faire couleur locale (comprendre : à fond les ballons), tout rempli d'une assurance nouvelle (pas celle que je me suis fait refourguer plus haut, une autre, gratuite celle-là).

Direction : le centre de Belfast. Objectif : l'auberge de jeunesse. Bon, de nuit, Belfast, c'est pas... enfin bon, disons que... faut dire aussi que j'étais concentré sur mon plan et les noms de rue, donc j'ai pas vraiment fait gaffe, mais ça ne m'a pas paru bien funky comme ville, comme ça, là, à froid. Mais bon, je me gare (comme un porc) et je prend possession de ma chambre (enfin de mon lit puisque j'ai pris l'option dortoir, c'est moins cher. Coup de bol je suis presque tout seul dans la piaule). A ce niveau-là, rien à dire, accueil sympathique, structure impeccable, plein de services et un self qui sert le petit-déj', nickel, je commence à me sentir à l'aise (en plus j'ai compris le mec de l'accueil ce qui m'a inconsciemment empli d'une espèce de fierté mal placée).

Après avoir repéré les lieux, je sors dans la vie Belfastoise et me mets en quête du commerce le plus florissant en Irlande : le pub. J'en trouve un, à l'extérieur fort avenant, tout à fait typique. J'entre, me pourléchant les babines à la perspective de la bonne Guiness que je vais sans vergogne m'enquiller dans le cornet, c'est les vacances merde. Et là c'est le drame : l'intérieur est glauque à souhait et je suis quasiment tout seul, hormis un groupe de trois personnes dont une sourde qui s'exprime donc fort et mal (la pauvre elle n'y peut rien mais bon ça ajoute à l'ambiance bizarre). Pas moyen de faire demi-tour, le barman m'a vu. Bon tant pis, je commande ma pinte à grands coups de « Sorry? » des deux côtés du bar. Je paye (pas cher) et je m'installe. Un peu de musique en fond sonore, mais c'est très calme. On est loin de l'ambiance chaleureuse du pub irlandais telle qu'on se la figure, mais bon la bière est bonne (en même temps je n'ai pas pris de risque). Arrivé à la moitié de mon verre le barman sort et baisse son rideau de fer. Puis il entre et ferme tous les volets, un par un.

Là dans mon esprit se mettent à défiler tous les films d'horreur que j'ai pu voir dans ma jeunesse fougueuse, et je commence à me remémorer les règles de survie face à de dangereux tueurs psychopathes (« ne pas monter au grenier surtout, ça sert à rien pauvre cruche »). Je me force à respirer calmement, je finis ma bière cul-sec et me dirige d'un pas (que je veux assuré) vers une autre porte que j'avais repérée plus tôt (« toujours noter les issues d'une pièce »). J'arrive dehors, tout s'est bien passé. Il pleut toujours.

Sur ces entrefaites il se fait quand même près de 23 heures. J'ai faim. Je décide donc de goûter à la cuisine traditionnelle irlandaise et pousse donc la porte du seul établissement encore ouvert : un grec. J'en commande un. Pas de bol, le serveur connait la France et essaie de discuter. Au bout de cinq répétitions je comprends qu'il me demande d'où je viens, je lui réponds donc : Paris. « Ah Paris! Le PSG! ». Et merde. Il me fait comprendre qu'il préfère l'OM. Je lui fais comprendre que je m'en fous. Il me file mon grec, tout sourire. Je sors pour le manger sous un abri-bus (on a la classe ou on ne l'a pas). C'est excellent. Rien à voir avec ce que j'ai déjà mangé en France dans ce type de boui-boui. J'écrase une larme, et je décide de terminer cette première exploration sur cette note émouvante. Je rentre me coucher.

Dortoir oblige, des gens entrent et sortent à toute heure, mais surtout à celle où on parvient enfin à s'endormir. L'esprit embrumé, je perçois des bribes de phrases chuchotées : « Ah putain de merde ». Des Français! Je fais semblant de dormir, les Français c'est comme les T-Rex : si tu ne bouges pas, ils ne te voient pas. En même temps il fait noir, ça augmente mes chances. A leur décharge, je dirai qu'ils ont quand même fait preuve de plus d'égards pour les pauvres dormeurs que nous étions que ce à quoi je m'attendais, merci à eux donc. Et comme ils étaient les derniers arrivés, la nuit s'est poursuivie calmement, au doux bercement des ronflements gracieux de mes voisins de chambrée. Ben oui, le dortoir c'est moins cher. Mais c'est chiant.

Publié dans Bla-bla

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